"Le développement durable s'est construit, à l'occasion de la Conférence des Nation unies de Rio de Janeiro en 1992, sur des principes internationaux, puis nationaux, qui actualisaient les grandes valeurs humanistes consacrées par la Charte des Nations unies, en y adjoignant le droit à la préservation de l'environnement. Mais ces valeurs du développement durable sont-elles toujours les mêmes dans notre époque de crise, où le souci du long terme cède la place à la pression des réponses quotidiennes que décideurs et citoyens doivent apporter pour (sur)vivre ? Jamais le discours sur les valeurs, avec la montée en puissance de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), n'a été aussi partagé. Est-ce à dire pour autant que le respect des valeurs que sont la vie, humaine et naturelle, les droits de l'homme, le droit au bonheur, est pour autant en progrès ? Ce numéro de la revue Vraiment durable s'attache à analyser si donner un prix à un bien tellement précieux qu'on le disait inestimable est le bon moyen de lui conserver sa valeur. Donner un prix au carbone permet-il de combattre l'effet de serre ? Donner une valeur monétaire à la biodiversité est-elle la meilleure voie pour protéger la nature ? Le prix de l'eau reflète-t-il la valeur de ce bien commun ? "Créer de la valeur" est un nouvel impératif catégorique dont ce numéro essaie de dévoiler la part réelle d'éthique et la part d'instrumentalisation. Les valeurs du développement durable exigent que les estimations qui en sont faites dans la sphère économique servent le droit de vivre, et non la possibilité de survivre." Bettina Laville, directrice de la rédaction.