Ce numéro de Transalpina (comme le précédent n° 12) prend en considération la question de la critique littéraire durant le fascisme et celle des rapports que le régime entretint avec les milieux académiques, universitaires et scolaires, ainsi qu'avec le monde de l'édition. Il tente de reconstruire quelques-unes des principales interprétations d'ensemble de l'histoire littéraire italienne et des théories générales de la littérature qui s'affrontèrent alors. Il examine tout particulièrement les usages qui furent faits de certains classiques italiens, lus comme des "prophètes" et des "précurseurs" du fascisme. On y trouve l'analyse de plusieurs institutions qui servirent de relais à la diffusion de la culture durant le Ventennio. Sont retracés aussi les parcours de quelques personnages de premier plan de la vie culturelle, ayant été des intellectuels "organiques" du régime ou au contraire des opposants en exil ou de l'intérieur. Enfin, une partie de ce deuxième volume est consacrée à une comparaison avec la situation d'autres pays européens (la France, l'Espagne, l'URSS). Peu de travaux évoquent en France cet aspect de la culture italienne du Ventennio. Or il s'agit là d'un aspect d'autant plus important que, au XXe siècle, quelques-uns parmi les principaux chemins interprétatifs et paradigmes historiques se sont constitués, ou consolidés, durant le fascisme. De sorte que lorsque l'Italie républicaine s'interrogera sur les racines démocratiques de ses traditions culturelles, il lui reviendra de combattre, ou de retourner, ces paradigmes et vulgates, mais aussi parfois de les absorber, fût-ce de façon implicite.