Une vague de rapports internationaux exprime clairement la nécessité de modifier profondément nos valeurs sociétales et nos pratiques pour faire face aux enjeux du développement durable. Conjointement, des constats pointent notre éloignement de la nature en raison de notre quête de sécurité et d'hygiène. Dans la petite enfance, cela se traduit par la mise en place de normes sanitaires strictes dans l'accueil du jeune enfant et, finalement, la perte de la place de la nature et du naturel dans son environnement. Dès leur plus jeune âge, les enfants vivent dans un milieu conçu par des adultes et leur conception du bien-être, privilégiant les produits de synthèse et les activités encadrées et maîtrisées. Quels sont les impacts de ces choix sur la santé psychique et physiologique de l'enfant, mais aussi sur son développement ? Quelle culture et quelles valeurs sommes-nous en train de transmettre ? Comment vouloir que les citoyens respectent l'environnement et préservent la biodiversité s'ils n'ont pu faire, très jeunes, l'expérience d'un autre rapport à la nature ? Comment s'intéresser au monde du vivant sans en avoir l'expérience ni la connaissance ? Ce numéro de Spirale souhaite donner, dans tous nos débats autour de la petite enfance, une place indispensable et fondamentale à la nature. Tant il apparaît plus qu'urgent d'inclure la question du rapport à la nature dans les politiques et les actions éducatives en direction de la petite enfance.