L'instant du passé, regretté ou rejeté par l'homme, réintègre le présent avec toute sa force pour servir à la création et permettre d'échapper à un dilemme, exprimé par Nietzsche dans sa nudité absolue : " Nous avons l'art, pour ne pas périr de la vérité ". La problématique du regret et rejet du passé dans la littérature touche des strates très diverses de l'existence - familiale et personnelle, spirituelle, sociale et nationale. Dans ce dernier cas, les réflexions et prises de position des écrivains par rapport au passé de leur peuple suivent tout naturellement les revirements politiques qui se produisent dans un pays. Plus la démesure, la brutalité de ces changements est grande, plus le positionnement de chacun est sans appel. Aussi la fin du régime tsariste, puis l'implosion de l'Union soviétique et la gestation d'une nouvelle Russie ne pouvaient-elles qu'engendrer un regret ou un rejet aux tonalités d'une richesse exceptionnelle, déclinant toute une gamme de perceptions humaines. L'équipe du GRAL, le Groupe de recherches sur les arts et la littérature russes de l'INALCO, présente ici les résultats de ses travaux élaborés sur ce thème dans le cadre de ses séminaires.