Quand le rai de lumière de la lampe-torche de son téléphone portable s'arrête sur des silhouettes de femmes délicatement sculptées dans la roche, des larmes de joie coulent sur son visage. L'archéologue Layla Salih vient de découvrir dans les ruines fumantes de Mossoul un bas-relief unique datant du VIIe siècle avant J.-C. miraculeusement intact. Miraculeusement parce que cette trace du glorieux passé de l'Irak a échappé à la folie destructrice des hommes de l'Etat islamique et aux bombes de la coalition. Et qu'autour d'elle, tout n'est que ruine et destruction. De tout temps, l'ancienne Mésopotamie a été l'un des territoires les plus disputés de la planète. A cause de ses fleuves, le Tigre et l'Euphrate, de sa position stratégique, de son pétrole... Hasard ou fatalité? Pour répondre à cette question et mieux comprendre la réalité d'une nation éclatée, nous sommes allés à la rencontre d'Irakiennes et d'Irakiens qui chérissent leur terre et leur culture plurimillénaire, berceau de notre propre histoire. Nous avons donné la parole aux Arabes des marais dont le paradis est devenu un enfer, un désert truffé de mines ; aux Kurdes dont l'influence et l'autonomie ne cessent d'être contestées ; aux écrivains locaux et à ceux qui ont pris le chemin de l'exil ; aux cavaliers de la frontière, contrebandiers d'un autre temps. Car en Irak, malgré les guerres et leur cortège d'horreurs, les habitants veulent continuer à vivre, la tête haute.