Mouvement de soutien aux patriotes grecs aspirant à l'indépendance de leur pays, le philhellénisme est peut-être la première construction politique paneuropéenne dans l'histoire du XIXe siècle. De l'Italie à l'Allemagne les partisans de la cause grecque se reconnaissent dans les mêmes symboles, les mêmes métaphores, les mêmes références
programmatiques. Ils ont le sentiment commun d'honorer une dette à l'égard de la Grèce, et leur mouvement hérite donc de toute la tradition
philologique, politique et esthétique d'enthousiasme pour la culture grecque, y compris de la méfiance concomitante vis-à-vis des alternatives orientales à la Grèce classique. À partir de cas empruntés à
l'histoire intellectuelle et politique allemande, et aussi italienne ou française, et sans ignorer l'impact du philhellénisme sur l'auto-perception des Grecs eux-mêmes, on peut montrer comment ce mouvement sert de vecteur privilégié aux transferts culturels dans l'Europe du XIXe siècle.