Dans un monde dont la complexité et la violence poussent parfois au repli sur soi surgit aussi le besoin de cultiver l'empathie et la bienveillance, des valeurs que le yoga peut faire siennes, sa pratique s'inscrivant dans un cadre éthique qui articule le non-désir de nuire et la reconnaissance d'une altérité qui décentre. Une réflexion approfondie s'impose pourtant sur la polysémie de ces termes menée dans ce numéro par des philosophes, des sociologues, des spécialistes des spiritualités, afin d éviter toute confusion entre attention à l'autre et bons sentiments creux ou non dénués d'arrière-pensées.
Un ouvrage collectif en forme d'essai pour explorer les notions d'empathie, de bienveillance et de compassion, avec la contribution de philosophes, de formateurs en yoga, d'historiens et de spécialistes des spiritualités. "L'empathie ? Je suis contre" ! C'est Paul Bloom, psychologue américain, qui s'exprime ainsi. Non par pure provocation mais pour montrer que l'empathie est un concept beaucoup plus complexe et à nuancer qu'il n'y paraît. C'est aussi l'un des objectifs de cette revue qui propose, grâce à la contribution de philosophes, de formateurs en yoga, d'historiens, de spécialistes des spiritualités, etc. , de revisiter des notions telles que l'empathie, la bienveillance et la compassion. Face aux brutalités du monde, surgit le besoin de cultiver ces valeurs, que le yoga revendique comme siennes, cette discipline s'inscrivant à la fois dans un non-désir de nuire et dans une ouverture à l'altérité. Empathie, compassion, bienveillance, semblent aller de soi... Une réflexion approfondie s'impose pourtant sur la polysémie de ces termes afin d'éviter toute confusion entre attention à l'autre et bons sentiments creux ou non dénués d'arrière-pensées. Après une première partie où ces termes sont définis, à l'aune par exemple de la relation pédagogique, de l'art (c'est dans ce domaine que le mot d'empathie est apparu pour la première fois) ou dans le monde animal, la deuxième partie creuse leur pertinence dans le domaine du soin, de l'accompagnement, de la politique (la non-violence est-elle possible en politique, s'interroge ainsi l'historienne spécialiste des Etats-Unis Sylvie Laurent) mais aussi dans le quotidien grâce à deux contributeurs qui ont fait le choix de vivre en communauté. Enfin, dans la dernière partie, les auteurs sondent les profondeurs de l'âme humaine en interrogeant les notions d'amour et de compassion dans les différentes traditions (musulmane, juive, indienne, tibétaine). Lytta Basset, théologienne, rappelle, quant à elle, que la notion de péché originel n'existe pas en tant que tel dans la Bible. Mais qu'est-ce que le péché alors ? C'est le manque de relation, nous répond-elle ! A méditer.