Paradoxalement, le "Deux" invite à l'échappée. Ce simple adjectif nous entraîne dans des variations infinies. Sans doute faut-il être deux pour être trois comme le disait Benjamin Péret, et par-delà ce trois, par-delà le tiers, ouvrir à tout un monde. Le "Deux" n'est pas théorisé par la psychanalyse. Pourtant, il s'invite d'emblée dans le cabinet de l'analyste où deux personnes rejouent l'histoire, la répètent, la distendent, la modifient, la reconstruisent et en font la base d'un avenir mobile. S'il a évoqué le couple, ou la relation mère-bébé, le "Deux" a suscité chez nos auteurs réflexions et positionnements théoriques, souvent adossés à des modalités thérapeutiques (prises en charge institutionnelles, pratique du psychodrame), mais aussi des interrogations sur les modalités transférentielles ayant contribué à la naissance et au développement des théories analytiques. Le "Deux", s'il inaugure chaque chose, porte son effacement ou sa rupture pour être fécond : le deux pour en sortir ? A côté de cette partie thématique, ce volume propose un premier dossier rassemblant deux textes de la psychanalyste allemande Ilse Grubrich-Simitis. Surtout connue en France pour son immense travail d'éditrice scientifique des oeuvres de Freud, elle l'est moins pour ses recherches théoriques et cliniques sur le trauma et son inscription transgénérationnelle. C'est sur cet aspect que nous insisterons ici, ainsi que dans un prochain numéro.