La " révolution numérique " interpelle aujourd'hui les États, comme elle a affecté, également, le monde de l'entreprise. Elle remet en cause les organisations publiques, leur culture, leurs relations avec la société. Que recouvrent les termes d'administration électronique, d'" e-gouvernance " ou de " gouvernement électronique " à ne pas confondre avec la démocratie en ligne ? Quels modes de régulation appellent les réseaux ? Quels nouveaux rapports de pouvoir se mettent en place à travers la gouvernance de l'internet qui se caractérise comme celle d'un monde incertain ? L'analyse des modèles de développement de l'administration électronique montre une situation contrastée. Les premiers résultats sont-ils à la hauteur des enjeux ? L'exemple de l'administration des impôts montre que les technologies de l'information peuvent être un accélérateur de changement, même si elles ne sont pas nécessairement porteuses de transformations organisationnelles. La bureaucratie régalienne se fait séductrice et devient prestataire de services, substituant à la rationalité juridique une rationalité managériale. Bien que la révolution numérique soit loin d'avoir pleinement bouleversé les modes de gouvernance et qu'il soit sans doute encore trop tôt pour parler d'e-démocratie, des évolutions profondes sont en cours qui entraînent de nouvelles attentes. La transparence change d'échelle avec la diffusion massive des données publiques. De même, la mise en réseau des services publics appelle à un renouvellement de la réflexion sur la protection de la vie privée, à cet égard, le concept d'" aire de partage de données personnelles " peut-il se révéler opératoire ? Gageons que ce numéro, qui rassemble réflexions théoriques, études de cas et témoignages, ouvrira de nouvelles pistes de réflexion. On peut en avancer plusieurs, en particulier la dimension internationale de la révolution numérique, l'effet de levier des technologies dans la réforme de l'État, les perspectives de gouvernement en ligne voire de démocratie en ligne.