La réforme de l'Etat est inscrite sur l'agenda gouvernemental depuis une bonne quinzaine d'années en France comme à l'étranger. On est passé, durant cette période, d'un regard technique sur le fonctionnement des administrations à une interrogation de fond sur la pérennité de l'Etat et de ses appareils. Ce numéro double de la RFAP prend acte du progrès de la recherche en administration publique pour analyser la réforme de l'Etat dans ses différentes dimensions et dresser un bilan du New Public Management (NPM). Doctrine administrative cohérente ou assemblage d'éléments paradoxaux voire contradictoires, la réforme de la gestion publique est en effet devenue le paradigme dominant à partir des années 80. Mais si le NPM a connu une spectaculaire diffusion notamment en Europe centrale et orientale, il faut faire la part de l'idéologie et des pratiques réelles. L'analyse comparative (Afrique, Amérique latine, Commission européenne, États-Unis, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, etc.) montre que les réformes de la gestion publique font l'objet d'assimilations partielles et de réinterprétations selon les environnements nationaux. Les cultures administratives n'ont pas disparu et ce qui peut paraître nouveau est souvent le produit d'une évolution de plusieurs siècles. Les effets du NPM sont donc pour le moins ambigus. En outre, ils semblent laisser en suspens un certain nombre de questions fondamentales au regard de la logique démocratique telles que l'imputabilité et le contrôle politique. Jusqu'où le NPM change-t-il les systèmes administratifs ? Existe-t-il une alternative crédible au modèle webérien ? Pour répondre à ces questions, des spécialistes français et étrangers livrent les fruits de leurs analyses critiques et - pour certains d'entre eux-de leur expérience au sein d'organisations internationales. Il en résulte un ensemble particulièrement riche de réflexions sur les mutations de l'Etat et l'émergence d'une " gouverance " marquée par la multiplication des partenaires de l'action publique.