Afin que la sagesse du Docteur Angélique soit diffusée le plus largement possible, c'est ainsi que le pape Léon XIII énonce le but d'une nouvelle édition complète des œuvres de Thomas d'Aquin dans la lettre Iampridem considerando du 15 octobre 1879, quelques mois seulement après la célèbre encyclique Aeterni Patris du 4 août de la même année. Il est indiscutable que cet objectif n'a pas changé depuis cette première définition de la future édition Léonine. Et pourtant quel chemin parcouru ! Depuis la mi juin 2003 la Commission s'est installée à Paris, à savoir le lieu où Thomas a enseigné à deux reprises et où il a rédigé quelques-unes de ses œuvres majeures. Vu la signification de ce retour, il était indiqué de saluer cette arrivée par une manifestation académique et scientifique à la Sorbonne. Sous l'égide du Centre Pierre Abélard de l'UFR de philosophie de l'Université de Paris IV, un public nombreux s'est réuni le 13 décembre 2003 pour entendre une série de conférences dont l'objectif explicite et primordial était de montrer l'importance, la signification et l'enjeu scientifique et intellectuel de cette entreprise unique en son genre. Lorsque l'on s'interroge sur les raisons de l'étonnante réussite de l'édition Léonine, on peut formuler l'hypothèse que très vraisemblablement l'alliance entre le but formulé par Léon XIII, à savoir la diffusion d'une doctrine, et l'exigence qui s'exprime à travers le souhait du P Denifle, à savoir le respect scrupuleux des impératifs de la méthode historico-critique, peut expliquer ce succès : la philologie au service de la recherche de la vérité. Il s'agit d'un programme qui est basé sur la conviction que le vrai ne peut pas être opposé au vrai et que par conséquent la rigueur de la méthode philologique et de la démarche historique ne peut nuire à la spéculation théologique et à l'interrogation philosophique.