Jacques de Morgan (1857-1924), ingénieur des Mines, savant
pluridisciplinaire, est considéré comme l'un des plus
importants archéologues de cette époque charnière. Toujours
au service de la science, il parcourt l'Egypte, les Indes, la
Malaisie, le Caucase, la Perse. De 1892 à 1897, il est directeur
des Antiquités en Egypte, où ses découvertes sont
retentissantes ; de 1897 à 1912, directeur de la Délégation
scientifique française en Perse, où il conduit les plus grandes
fouilles de l'époque. Ses travaux, publiés dans de nombreux
ouvrages, sont reconnus mondialement. Nous présentons ici
son exploration dans la presqu'île malaise, en 1884, dont le but
est de prospecter des gisements d'étain pour le compte d'une
société française. Jacques de Morgan est un observateur hors
pair. La curiosité de son esprit scientifique l'amène à étudier ce
territoire encore mal connu sous tous ses aspects : histoire,
ethnographie, géologie, botanique, zoologie, et bien entendu,
industrie minière, travaux largement transcrits dans cet
ouvrage. A la lecture de son journal de voyage dans le
royaume de Pérak, illustré de ses dessins et aquarelles, nous
faisons connaissance avec les aborigènes des hauts massifs
montagneux, que Jacques de Morgan parcourt pour en relever
la carte encore inexistante. Dans ces régions isolées, que les
Malais eux-mêmes évitent, nous découvrons par ses
descriptions les moeurs, les coutumes, les langues de ces
Négritos dont il partage la vie au jour le jour. "Je me lançais
dans l'inconnu de ces massifs montagneux qu'on voyait de la
plaine, dans cette jungle mystérieuse où jamais Européen
n'avait pénétré, repaire des tigres, des éléphants sauvages, et
aussi de la fièvre".