Installée au débouché d'un très ancien franchissement de la Loire, la ville de Blois joue depuis plus de deux millénaires le rôle de halte à un carrefour entre la voie fluviale et une voie terrestre transversale. On sait en effet de longue date que cette fonction remonte à la toute fin de l'âge du Fer par la découverte de vestiges du 1er siècle av. n. è. sur le promontoire du Château, qui suggère que le lieu était occupé par un oppidum situé aux confins sud-ouest du territoire carnute. La fouille de la Croupe, conduite en 2010, a fortement étoffé ce dossier des origines de Blois. L'étude d'une superficie d'1 ha, à l'occasion de la construction d'un lotissement, a en effet démontré qu'une véritable agglomération s'était développée dés le IIIe siècle av. n. è. sur une montille située dans le lit majeur du fleuve, à 1600 m au sud du château et à 1200 m en aval du pont attesté depuis l'époque romaine. La fouille a livré des vestiges variés parmi lesquels il faut mentionner des fours de potier, des traces d'atelier d'artisans du métal et surtout une série de puits dont le boisage en partie conservé a permis d'obtenir des bornes dendrochronologiques qui nous renseignent sur la datation des objets associés. Au total, la fouille de la Croupe révèle un nouvel exemplaire de ces agglomérations à vocation artisanale et commerçante qui se sont épanouies dans la période de fort développement économique et démographique que la Gaule a connue aux IIIe et IIe siècles av. n. è. Par l'abondant mobilier archéologique qu'elle a livré, elle apporte une contribution substantielle à la connaissance de la culture matérielle des Carnutes de la fin de l'âge du Fer.