Au Second âge du Fer, les sphères funéraire, domestique et cultuelle sont mêlées. Chez les Sénons comme chez les Parish, aux marges picardes comme en Champagne, en parallèle de petits ensembles et de vastes nécropoles, la présence d'os humains, de sépultures et de dépôts domestiques est lourde de sens quant à des pratiques peu figées mais lisibles. Le questionnement concernant la présence de squelettes et/ou de fragments anatomiques humains et animaux dans des structures d'ensilage s'enrichit de nouvelles hypothèses, suggérant non plus un rejet injurieux de ces cadavres, mais leur participation réglementée à l'élaboration d'offrandes souterraines via un séjour dans une structure de stockage. Ces communautés agricoles voient leur survie adossée aux modalités de stockage et le silo devient l'enjeu d'un échange saisonnier entre les hommes et l'invisible des forces souterraines. Dans une lecture plutôt pacifique, les cadavres e en décomposition " semblent invoquer les forces de fertilité/fécondité. Si les observations s'accordent sur le sacrifice animal, les indices indiscutables lisibles sur l'humain exaltent le e travail " sur l'os sec ou frais préalable à une mise en scène ritualisée des pièces osseuses qui, parfois, e réintègrent " l'habitat à des fins d'exposition et de commémoration ancestrale. Ces morts réifiés, détournés de la nécropole participent, au môme titre que des animaux sélectionnés et que certains cortèges de mobiliers, aux prémices de la mise en place d'une e religion ", de lecture plus accessible lorsqu'elle sera pratiquée dans des sanctuaires collectifs et non plus seulement au sein de la sphère domestique.
Valérie Delattre et Estelle Pinard sont archéo-anthropologues à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et Ginette Auxiette est archéo-zoologue, également à l'Inrap.