Cette interjection ne saurait relever d'une injure. Comme épithète d'ailleurs non plus. Plutôt s'agit-t-il d'un éloge, promulgué par les propagandes religieuses. Un mystique soufi, Hallaj, a bien jugé en faisant du diable, devenu Satan grâce à la Bible hébraïque, le seul vrai monothéiste, parce qu'il ne veut pas adorer un autre que Dieu, en l'occurrence Adam. Luther aussi a bien jugé, à sa façon. Il tient que les êtres humains sont issus de " l'anus du diable ", et qu'à ce titre, ils ne peuvent vouloir que le mal et espérer que le libre arbitre divin leur épargne le pire. Freud n'est pas si éloigné de penser ainsi, puisqu'il considère le diable, dans un premier temps, comme le représentant des pulsions mauvaises, pour, dans un second temps, l'habiliter comme un substitut du père, mais féminisé, dans son article sur une névrose démoniaque au XVII° siècle. Puis Lacan (...) : le diable n'y est guère mentionné, peut-être parce qu'il fut soupçonné d'être lui-même le diable. La référence la plus pertinente est celle qu'il fait au Diable amoureux de Cazotte (1772). C'est d'abord par la bouche d'un chameau monstrueux qu'il pose au héros, Alvare, la question de son désir Che vuoi ? Ce héros, lui, ne répond pas à la question, mais répond de son désir en refusant à Biondetta, la figure ultime du diable, de lui vendre son âme pour qu'elle se donne à lui comme corps. Di-able : en franglais, capable de Dieu.