Au début des années 1990, on découvre à travers les médias que l'école serait devenu un lieu où racket, vols, agressions, brimades ... constitueraient sinon le quotidien, du moins un problème crucial pour un certain nombre d'établissements. Les victimes de cette violence font toutefois état moins d'infractions caractérisées que d'un " climat " marqué par des micro-agressions répétées, perçues comme autant d'incivilités, de micro-ruptures de l'ordre scolaire quotidien, vécues comme autant d' " atteintes au moi ".
Ces faits concernent d'abord les établissements populaires implantés dans des zones reléguées. Le sens de la violence qui s'y manifeste peut être appréhendé à travers le. sentiment de rage, de haine des jeunes, face au sort que la société leur réserve : celui de marginaux, d'assistés ou de délinquants. Une révolte qui, sans expression politique, s'actualise en multiples incidents.
L'injustice ressentie par les élèves est aussi liée à la question de la justice du système éducatif. Son ouverture au plus grand nombre n'a pas permis à l'école de tenir ses promesses égalitaires d'insertion.
Quand le pouvoir de l'institution est de plus ressenti comme arbitraire, lorsque évaluations et sanctions ne font qu'ajouter à un sentiment de dévalorisation, les élèves peuvent réagir en tentant de se soustraire à la domination culturelle que l'école exerce, en la désertant dès que possible, en adoptant des conduites de résistance ou d'opposition, en essayant d'imposer leur propre définition des rapports de force.
Les pouvoirs publics tentent de répondre depuis près de vingt ans à l'essor des violences scolaires par des mesures concernant notamment les établissements les plus sensibles, le renforcement des effectifs d'encadrements, la formation des enseignants et les partenariats à tous niveaux (collectivités locales, police, justice, parents d'élèves...).
En annexe, une chronologie récapitule les grandes étapes de la lutte contre la violence à l'école depuis 1992.