Les élections législatives du 27 septembre 1998 ont marqué une césure politique, en mettant fin à seize ans de gouvernement Kohl. Le SPD, sous le mot d'ordre du " nouveau centre ", revient au pouvoir, allié aux Verts, qui participent pour la première fois au gouvernement fédéral. En termes de politique étrangère, l'Allemagne assume les responsabilités que son rang international lui confère : elle fait moins preuve de retenue dans la défense de ses intérêts et n'hésite pas à intervenir aux côtés de ses alliés au Kosovo. Sur le plan économique, la nouvelle majorité dispose d'une marge de manœuvre plus restreinte, car son engagement social se heurte à sa conception théorique libérale. La démission du ministre des Finances, Oskar Lafontaine, partisan d'une politique keynésienne, illustre ces contradictions. A la fin de 1999, l'intervention du chancelier pour sauver de la faillite un groupe de BTP sera interprétée comme une inflexion à gauche, qui lui vaudra un regain de popularité dans son parti. Cette période est aussi marquée par le scandale des caisses noires de la CDU, qui clôt définitivement l'ère Kohl. Le chancelier tire indirectement avantage de cette situation au terme d'une année où les élections régionales lui avaient été défavorables. Ce dossier publie le texte intégral du " manifeste Blair-Schröder " sur le " nouveau centre " et la " troisième voie ".