Depuis dix ans, l'Ethiopie expérimente le fédéralisme ethnique en rupture avec une longue tradition centralisatrice. Derrière la volonté affichée de corriger les déséquilibres ethnorégionaux, ce projet fédéral, qui renvoie à l'histoire de la gauche éthiopienne et à la théorie des nationalités de Joseph Staline, entretient une confusion entre identités " nationales et " ethniques ", réifiées dans la politique quotidienne éthiopienne. Il permet aussi, et incidemment, le maintien au pouvoir d'un groupe socialement minoritaire. Au-delà du cas particulier de l'Ethiopie, ce modèle fédéral " ethnique " soulève des questions majeures qui dépassent le continent africain : comment accommoder les identités de terroir dans le cadre de l'Etat-nation ? L'ethnicité est-elle un langage paradoxal du nationalisme ? Les récentes élections éthiopiennes de mai 2005 illustrent les conditions d'épuisement relatif d'un système incapable de produire un imaginaire national éthiopien dans la nouvelle donne fédéral.