De nombreux analystes ont associé le retour d'un régime civil au Nigeria en 1999 au développement d'organisations armées privées et au regain de conflits dits religieux, interethniques ou communautaires. L'application controversée de la charia dans douze Etats du nord et les actions de guérilla dans la région pétrolière du delta du Niger ont aussi largement focalisé l'attention des médias. Le retour de la "démocraties " témoignerait-t-il d'un déclin de l'Etat ? Ces violences sont-elles marginales ou centrales dans le fonctionnement du jeu politique au Nigeria? Ce dossier revient sur ces questionnements en resituant les deux mandats du président Olusegun Obansajo (1999-2007) dans une séquence chronologique plus longue, celle de la double
trajectoire de l'Etat fédéral et des mouvements locaux et régionaux, qui n'ont cessé de réclamer, par les armes et par la négociation, à la fois plus d'autonomie et une meilleure redistribution de la rente nationale.