Pourquoi parler de son dans POU, revue dont le champ d'intervention intellectuel concerne d'ordinaire les politiques de l'image ? Tout simplement parce que le fait sonore entretient de multiples relations avec le visuel. Alors que les notions de " culture sonore " et de " culture visuelle " peinent encore à s'imposer dans le monde francophone, il s'agit en premier lieu d'appréhender la complexité de l'articulation du visible et de l'audible, et de la penser comme un problème scientifique et politique de plein droit. Ce onzième numéro de POU s'est construit autour d'un entretien avec Jonathan Sterne, retraçant le travail effectué pour son ouvrage Une histoire de la modernité sonore. L'auteur revient sur ses sources d'inspirations visuelles, ses relations avec la musicologie, ses affinités profondes avec les Cultural Studies, ainsi que sur la manière de repenser les formes de discipline et de répression par le son. Autant de thèmes que ce numéro cherche à mettre en résonance en discutant l'appropriation et la production autoritaire du sonore dans des : situations artistiques, ethnographiques, coloniales, industrielles, numériques ou encore éducatives. Médiatisé par les corps et les technologies de reproduction, le son est ici, l'instar de l'image, un médium de pensée, une voie d'accès vers ce qui le dépasse à l'échelle historique, au plus près des visibilités sociales et politiques.