Claire de Obaldia, L'Esprit de l'essai. Par-delà la diversité de ses manifestations dans des horizons culturels différents, le genre de l'essai, souvent négligé par les études littéraires, constitue une forme décisive pour le questionnement de la littérature elle-même. Genre protéiforme, puisqu'il s'inscrit, depuis sa " fondation " par Montaigne, comme une mise à l'écart et un exercice de soi qui transgresse les frontières contingentes entre les genres pour instaurer dans leurs marges un mode de littérarité qui ne se laisse pas réduire aux critères canoniques des classifications reçues. L'essayisme apparaît dès lors comme la marque d'une errance, d'un incessant déplacement qui met au jour cette double exigence, commune à tout texte littéraire, de la création et du commentaire, de la production et de la réflexion. L'auteur étudie les multiples variations de cette problématique, de Montaigne à Borges en passant par les romantiques allemands, Lukacs, Adorno, Musil ou Barthes. Où l'on voit l'esprit de l'essai traverser tous les genres, révélant au passage l'essence refoulée de la littérature, rebelle par nature à tout statut générique pré-établi.