Le travail social est en pleine tourmente. Confrontées à la baisse des subventions, les associations entrent en concurrence sur des marchés publics où, comme n'importe quel compétiteur, elles pratiquent le mieux-disant économique... et le moins-disant social avec des répercussions sur l'emploi et les modalités d'intervention sociale. L'accompagnement social cède le pas aux impératifs de gestion pour complaire aux bailleurs publics. Et comme souvent, les populations étrangères font les frais de cet affaiblissement des normes. De l'autre côté du guichet, celles et ceux qui les accompagnent souffrent d'une aggravation de leurs conditions de travail, voire de la multiplication des atteintes au droit du travail. Et surtout, ils se voient confier des missions qui relèvent plus du contrôle, voire du tri des populations immigrées que de l'accompagnement. Quand toute parole discordante qui remettrait en cause les termes du marché passé avec les pouvoirs publics est muselée, on peut s'interroger : où s'arrête le devoir de réserve et où commence le devoir d'alerte ?