La science, parce qu'elle est fondée sur l'esprit critique, peut constituer une arme de destruction politique massive. Elle peut être utilisée par les pouvoirs en place, qu'ils soient despotiques, colonisateurs, voire totalitaires, mais aussi se retourner contre eux. Le prestige de la science, la rigueur de son organisation, la séduction exercée par ses modèles théoriques ainsi que la mobilisation des réseaux de chercheurs contribuent à enchevêtrer les liens qui unissent les détenteurs du savoir à ceux du pouvoir, tout particulièrement lors des épisodes révolutionnaires. La Révolution française, la Commune de Paris, la Révolution nationale de Vichy, les indépendances des Etats-Unis et du Mexique, et les Révolutions communistes en Europe de l'Est et en Chine sont autant d'exemples de l'intervention des scientifiques, au nom de la science ou de valeurs dites universelles. Résolument comparatif, à la fois dans l'espace et le temps, ce dossier croise des approches historiographiques diverses qui se rejoignent sur l'essentiel : le rôle méconnu des sciences dans la vie politique en général et le processus révolutionnaire en particulier.