Le mot " banlieues " désigne depuis le milieu des années 1980 les quartiers populaires périphériques d'habitat collectif. Le personnel politique s'en empare progressivement pour nommer des territoires ou s'adresser à une partie de l'électorat ; les candidats ajoutent cette étape à leurs tours de France, tandis que certains habitants se saisissent du label pour en faire un élément identitaire. Ce dossier réunit des chercheurs de plusieurs disciplines pour évaluer si les discours, qu'ils soient politiques, militants, scientifiques, médiatiques ou associatifs, ont eu un effet performatif, inventant une réalité politique malgré l'hétérogénéité sociale et urbaine de ces quartiers. Qu'on la considère comme un corps étranger, un électorat à conquérir, une communauté ou un territoire à représenter, un groupe social à mobiliser, envisage-t-on durablement la " banlieue " comme un objet ou un acteur politique ?