Depuis le début des années 80, la " vie imaginaire " connaît un succès constant, aussi bien en France (Pierre Michon, Pascal Quignard ou, plus récemment, Michel Schneider) qu'à l'étranger (Sebald, Bolano, Boyd, Tabucchi), pour se limiter à quelques-uns des écrivains
étudiés ici. Comment comprendre cette vogue ? La " vie imaginaire ", qui historicise la fiction, appartiendrait-elle d'emblée à l'ère post-moderne, qui considère l'histoire comme une fiction ? Ou bien assiste-t-on à un retour du roman, avec obligation de brièveté et de densité ? Voire un retour à la singularité du sujet (biographié) ? Comment définir la fiction dans la " vie imaginaire " ? Par la référentialité ? Ou la littérarité ? Faut-il la situer dans l'invention et la part d'indémontrable ? Ou la rechercher dans une intentionalité esthétique et ses effets sur le lecteur ? Que dit cette pratique d'écriture de notre relation aux morts ? Est-ce un genre mélancolique par vocation ? Une tentative pour arrimer l'écriture à la mémoire ? Le lieu d'une rencontre imaginaire entre les vivants et ceux qui ne sont plus ? Pourquoi, enfin cette préférence marquée des biographes imaginaires pour les artistes, les infâmes et les infimes ?