Cryptes, passages secrets, corridors et couloirs, tours et fossés, pics et ruines ; des promontoires la nuit, dans l'orage, des héroïnes et des villains. Plus tard, d'autres lieux où déployer les figures de l'effroi et de l'inquiétude : appartements gothiques, demeures isolées, réseaux urbains et ruelles, catacombes et caves : le fantastique exige un lieu qu'il investisse mais aussi d'où puissent sourdre les forces de contradiction qu'il met en œuvre. Depuis Otrante, ce château que Walpole lègue en 1764 au romantisme noir, les lieux gothiques ne cessent plus d'être reconfigurés en tout point de la fiction fantastique. Surplombant ses territoires, le château est le lieu originaire où tout est enfoui, le point aveugle d'où tout repart. Ses contours resurgissent dans les fictions les plus diverses, actualisant les formes d'une angoisse qui jamais ne s'incarne sans le théâtre d'un lieu privilégié. Ce sont ces permanences et ces migrations, ces places fortes investies ou imprenables que cette nouvelle livraison d'Otrante se propose d'examiner chez Gracq, Cohen ou Austen, K. Dick et Hugo, dans le roman médiéval ou l'épouvante contemporaine d'un Stephen King.