Les Etats européens ont adopté le modèle de la réhabilitation psychosociale prôné par l'OMS pour concevoir de nouvelles politiques visant à répondre aux enjeux considérables de la santé mentale. Les méthodes d'intervention privilégiées sont essentiellement cognitives (gestion) et comportementales (soft skills) alors que l'usager se voit engagé dans une démarche résolument prospective consistant à entreprendre un travail de redéfinition de soi, à construire et à concrétiser un projet de vie. Quelle place reste-t-il à la subjectivité et à l'expression de la souffrance quand celle-ci doit être gérée et non plus accueillie et écoutée ? Ce nouveau paradigme ne pousserait-il pas, contre toute attente, le sujet dans l'impasse même qui constitue sa problématique ?