Un " détour " latino-américain passionnant et documenté, et ses perspectives d'un renouvellement plus global de la gauche internationale. Election après élection, l'Amérique latine semble passer à gauche et indiquer une voie qui tourne le dos aux recettes autoritaires et néolibérales qui marquèrent les dernières décennies. Le Brésil de Lula, le Venezuela de Chavez et l'Argentine de Kirchner ont été rejoints par le Chili de Bachelet ou la Bolivie de Morales. Le basculement du Mexique aux élections présidentielles de l'été 2006 achèverait de confirmer un basculement. Parallèlement, de nombreux commentateurs distinguent deux gauches dans ce continent : l'une qualifiée de " pragmatique " et " démocratique " par ses défenseurs et de " social-libérale " par ses détracteurs, l'autre de " radicale " et " anti-impérialiste " ou de " populiste " et " autoritaire " selon les points de vue. L'ambition de ce numéro est à la fois de rendre compte d'une évolution qui interpelle la gauche européenne et de nuancer ou de déconstruire l'idée des deux gauches. Au-delà des mythes et de la propagande, il s'agira de prendre la mesure des évolutions qui portent la gauche et les mouvements sociaux latino-américain, d'en relever la complexité et la diversité, de mesurer les spécificités nationales et les tendances continentales. Certains articles feront le point sur l'évolution de la gauche dans tel ou tel pays (Brésil, Argentine, Venezuela, Mexique, Cuba...), en essayant à chaque fois de faire de ces analyses un tremplin pour poser des questions plus vastes (l'analyse de la Bolivie ouvrira ainsi par exemple sur la question indigène). D'autres apporteront des éclairages transversaux sur la religion populaire, l'action des ONG, la démocratie participative... De nombreux auteurs latino-américains seront sollicités. Il s'agira à travers ce " détour " latino-américain de cerner les contributions que ce continent peut aujourd'hui apporter à la perspective d'un renouvellement de la gauche internationale.