Ce dossier entend en effet traiter "des" radicalités, tant la radicalité ne peut être définie sans envisager son (ses) pluriel(s). Des radicaux, ces Républicains d'autrefois partisans de réformes allant dans le sens de la démocratie et de la laïcité, jusqu'aux doctrines contemporaines dites "radicales" lorsqu'elles vont jusqu'au bout de leurs conséquences, le champ lexical du terme renvoie à des éléments divers qui permettent d'en retracer l'évolution. Cette double appartenance signifie à la fois une forme de retour aux sources (la notion de racine) et son opposé : une transformation extrême entraînant des conséquences majeures. Cette livraison montre ainsi à travers trois études de cas une relation ambivalente à la radicalité. Elle s'intéresse à des stratégies de communication ou de positionnement travaillant l'affichage des radicalités : la polémicité, la réappropriation du stigmate induit par celle-ci, ou au contraire l'atténuation du discours afin d'éviter les sanctions juridiques, ou encore une référence aux origines permettant de se réapproprier une pensée censément antagoniste. Plus globalement, il s'agit ici de cerner ce qu'est un discours radical et comment se traduit le discours des radicalités politiques, sans que cela ressorte nécessairement comme un discours de haine.
Partant de la définition du discours de radicalité politique comme d'un discours de (dé)légitimation en même temps qu'un discours de confrontation, l'objet de cette livraison de la revue Mots est de définir les stratégies de (dé)radicalisation et les manières dont se traduisent le discours des radicalités politiques et les enjeux qu'il comporte.