Ce numéro a pour ambition de donner à un public d’historiens non spécialisés un exemple des travaux qui se mènent depuis une vingtaine d’années sur la fonction des Ecritures au sein de la société médiévale, qui est avant tout une société chrétienne ordonnée par une parole venant de l’au-delà. Les premières contributions du numéro s’intéressent aux lectures socio-politiques tirées de la Bible, dont les interprétations alimentent des règles de « bon gouvernement ». Une seconde série d’articles est consacrée à la Bible comme modèle d’autorité, en quelque sorte comme « autorité des autorités, » à une époque qui distingue encore mal l’auteur de l’autorité qui le porte. Ce numéro, alimenté par les travaux de tout jeunes historiens, se situe à la fois dans la logique des recherches sur l’exégèse animées par Gilbert Dahan et de ceux de Philippe Buc et de Guy Lobrichon sur les usages sociaux de la Bible. Le « plus » apporté par cet ensemble d’articles est probablement son ouverture au corpus philosophique d’Aristote (dans quelle mesure Aristote, le philosophe par excellence, est-il une autorité comparable à la Bible ?) et au domaine littéraire (le corpus des commentaires des prophéties de Merlin en latin et en langue vernaculaire).