Travail, ce mot qui est dans toutes les bouches est le sujet de Lutopik 11. Un cri dans celle des manifestants, le seul avenir possible dans celle de l'Éducation nationale, une injonction dans celle de l'État. Même si un travail est nuisible ou sans intérêts, il est extrêmement mal vu de le refuser, ou de ne pas s'y investir corps et âme. Pourtant, les services « souffrance au travail » se multiplient, on parle de plus en plus de bull shit jobs, ceux qui ne servent à rien, de burn out, le syndrome d'épuisement professionnel, et de bore out, son pendant marqué par un ennui profond. On colle des rustines sur la douleur des salariés et la loi Travail entérine une régression sociale. C'est une rupture historique, tandis qu'on laisse faire l'évasion fiscale ou la rétribution abusive d'actionnaires ou de dirigeants toujours plus voraces. Dans ce climat hostile, nous avons voulu donner la parole à des salariés, des indépendants, des travailleurs sociaux, des chercheurs, des économistes, bref, à ceux qui vivent le travail, l'analysent ou tentent de le transformer. Ce numéro comporte aussi une enquête sur le bizness de la compensation écologique, qui permet aux aménageurs d'acheter des droits à détruire la nature, un petit dossier sur le mouvement des coopératives en Catalogne, un reportage à Bure avec les opposants au centre d'enfouissement des déchets radioactifs qui entendent bien occuper longtemps la forêt, etc.