L'amour est depuis l'Antiquité la plus grande source d'inspiration littéraire. Les plaintes de Didon au départ d'Enée, la passion de Tristan et Iseult, l'aveu de Phèdre à Hippolyte, l'amour de Julien Sorel pour Mme de Rénal dans Le Rouge et le Noir, de Frédéric Moreau pour Mme Arnoux dans L'Education sentimentale, les pages d'incantation amoureuse dans Belle du Seigneur ou les évocations sentimentales de Nerval, de Verlaine, Proust, Apollinaire, Aragon... Les scènes amoureuses ont sans conteste fourni les pages les plus célèbres de la littérature. Mais que nous révèle une étude d'ensemble de ces scènes, du jeu amoureux comme du travail de l'écriture ? Dans son rapport au désir, l'écriture passe par des motifs narratifs, dont on peut voir les évolutions et permanences historiques : le coup de foudre, le trouble, le jeu du regard, le rapport entre Eros et Thanatos... Cet ouvrage se propose de les analyser, en éclairant les modulations de la passion amoureuse et la liaison que celle-ci établit entre le langage et le corps. Et parce que ces enjeux psychologiques ont aussi une résonance politique, esthétique et même métaphysique, la réflexion puisera dans plusieurs champs disciplinaires : la littérature, certes, mais aussi l'approche thématique, la psychanalyse, l'anthropologie et la philosophie, capables de débusquer le jeu du désir amoureux derrière le travail de l'écriture.