L'influence anglaise sur les Lumières françaises n'est plus à démontrer. En revanche le chassé-croisé des origines et le jeu complexe des citations et des attributions donne aux chercheurs la matière d'un examen fouillé, permettant des approfondissements, des réévaluations et même quelques surprises, en amont comme en aval de l'Encyclopédie. L'attraction de l'Angleterre s'exerce dans des domaines très différents : le déisme de Tindal ou de Collins, le sensualisme de Locke, la physique de Newton, la morale de Shaftesbury, le nouveau roman de Richardson, l'humour de Swift, l'équilibre
politique, le génie économique et commercial. De cet immense prestige, l'Encyclopédie ne pouvait que témoigner, d'autant plus qu'elle est elle-même directement issue d'un ouvrage anglais, la Cyclopaedia de Chambers (1728), dont elle ne devait être à l'origine que la simple traduction, avant de se transformer en machine de guerre contre l'Eglise et l'Etat. Les études ici réunies entendent ainsi montrer, de manière originale et pluridisciplinaire, comment cette influence travaille le texte de l'Encyclopédie et sa composition.