Notre époque serait celle de la mobilisation infinie du monde ; tourisme de masse et délocalisations diverses accompagnent un imaginaire de référence marqué par la globalisation de l'espace, la vitesse des circulations et un refus des enracinements définitifs. Une ontologie sociale et culturelle inédite se dessine. De nouvelles géographies du monde apparaissent dans les territoires et les paysages. Cependant, outre les mobilités de loisir et les flux liés à l'activité professionnelle, un très grand nombre d'êtres humains font aujourd'hui l'expérience des mobilités contraintes. Des dizaines de millions de personnes doivent quitter leurs lieux d'origine à cause des conflits inter- et intra-nationaux et territoriaux, de la misère économique et aussi, désormais, par suite des modifications environnementales, lentes ou brutales, mais toujours considérables. Ainsi, la planète est sillonnée de populations de réfugiés plus ou moins chassés, orientés, parqués, contrôlés, administrés par un système mondial de politique d'assistance à la misère des peuples. Nous vivons l'époque des migrations. Ce numéro souhaite questionner leurs impacts dans les paysages matériels, mais aussi représentés et éprouvés.