Au fur et à mesure que le français comme langue étrangère accédait à son autonomie, il devenait aussi une activité professionnelle de plein exercice. Dès lors, comme tous les autres métiers, il tendait irrésistiblement à se diversifier : français langue
seconde, français de l'insertion, français de la scolarisation, français sur objectifs spécifiques, tels sont quelques-uns des noms de baptême des appartements nés peu à peu dans la maison de ce Père-là. Et ce n'est pas fini. Au point que, désormais, former de futurs enseignants n'épuise
plus la professionnalisation du domaine. De multiples autres métiers s'offrent aux spécialistes de français langue étrangère pour peu qu'ils suivent les évolutions qui caractérisent le champ. Traducteurs, sous-titreurs (au cinéma, à la télévision), lexicographes, sans compter les inépuisables professions qui dériveront inéluctablement des
transformations, par définition imprévisibles, qui toucheront le français langue étrangère : tels sont quelques-uns des avatars qui vont, demain, absorber nos étudiants et contribuer à les attirer vers notre spécialité. Se figer sur notre (ou nos) compétence(s) ancienne(s), ce serait à coup sûr nous enfermer dans un dogmatisme rigide, qui aboutirait
à faire fuir les plus jeunes et assécherait les cohortes qui, aujourd'hui, peuplent nos formations. Comme tous les savoirs vivants, le français langue étrangère est en quelque sorte condamné à se modifier sans
cesse, à connaître son passé pour mieux affronter son avenir, à développer simultanément la connaissance et l'imagination. Louis PORCHER