Cela fait près de deux décennies que tous les secteurs du travail social sont impactés par des politiques publiques — marquées du sceau de l'efficience et de la rationalisation — qui renforcent paradoxalement la précarité des publics qu'ils accompagnent ; mais depuis quelque temps, des effets pervers de ces politiques se donnent à voir au sein même des institutions et jusque dans la réalité personnelle des professionnels. Manque de financements, concentration voire disparition, pour les premières, fragilisation du statut et paupérisation pour les seconds sont de plus en plus fréquentes : le travail social souffre de précarité et se retrouve dans la situation de l'arroseur arrosé ; alors qu'il a pour mission d'aider, il se retrouve en situation de devoir être aidé. Ce numéro vise à établir une sorte d'état des lieux de la précarisation du travail social et de ses conséquences pour les publics concernés, les institutions, mais aussi pour les professionnels. Il ne propose pas de solution miracle, mais invite chacun et chacune à réfléchir sur la place du collectif et au sens du vivre ensemble aujourd'hui. Polygraphie : Trois textes qui font écho à ces petits mots encore et toujours présents que Fernand Deligny nous écrivait dans Le croire et le craindre : "Lors d'une tentative, il s'agit d'abord de quoi ? D'esquiver les places".
Didier Cattin, membre du Comité de rédaction, maître d'enseignement, Haute école supérieure de Suisse occidentale Hes-Sol. Didier Wouters, directeur adjoint du pôle Protection de l'enfance, La sauvegarde du Nord.