Dans le bain de langage dans lequel il naît, dans la sensorialité de ses échanges avec sa mère, l'enfant va se créer sa propre langue de sons plus que de sens, dont les traces resteront inscrites dans l'inconscient tout au long de sa vie. Comment l'enfant passe-t-il de cette langue à la langue que l'on appelle maternelle, puis à la langue de la socialisation, celle de l'école et des apprentissages, voire à une nouvelle langue, celle de l'exil ? Que penser des adolescents qui inventent un langage qui les sépare, les protège du monde adulte tout en les rassemblant " en tribu " (du moins est-ce ainsi que les autres les identifient) ? Si l'enfant a droit à la parole, doit-on, après l'avoir longtemps pensé " mythomane ", croire maintenant que la vérité sort de sa bouche, le forçant ainsi à supporter notre mythe moderne de la transparence de la communication ?