Introduction à Chou, en préambule au chapitre onze chapitre de la grammaire tibétaine, s'intéresse à la forme ergative. " Il existe, écrit Bénédicte Vilgrain, des langues au regard desquelles les notions de sujet et d'objet ne sont pas précisément pertinentes. Le tibétain en est une. " De fait, la forme ergative ne distingue pas de manière aussi tranchée que le fait la langue française (de laquelle cette forme est absente, d'où les difficultés de traduction qu'on imagine) entre " la cible, l'agent et l'instrument. " Introduction à Chou réfléchit aux enjeux philosophiques de l'ergatif. Mais il est aussi une occasion pour Bénédicte Vilgrain de revenir sur la signification de son entreprise et les problèmes de la traduction en général. Fait de pièces qui pourraient paraître au premier abord disparates (outre des remarques grammaticales, des analyses de films, une suite d'énoncés qui font référence, par leur numérotation et leur caractère assertif au Tractatus de Wittgenstein, un poème allemand, non traduit mais utilisé comme "instrument" pour traduire un texte tibétain, etc.) Introduction à Chou trouve sa cohérence profonde dans la mise en jeu de tous ces éléments, soit la possibilité offerte à la pensée de jouer avec eux, l'ergativité lui fournissant une forme inédite d'agilité, que le passage par le seul français ne laisse pas même entrevoir. Il en résulte une moissons de questions, qui sont autant de décalages par rapport aux certitudes sur lesquelles nous nous appuyons pour construire nos modèles d'intelligibilité, et qui nous apparaissent soudain dans toute leur relativité.