Pendant quelque trois décennies, Roland Lew, notre ami Roland, voua la majeure partie de son temps à l'étude du " socialisme réel " : " cette invention historique, remarquait-il dans son dernier texte, qui cherche toujours son nom de baptême alors que ce socialisme est de fait dans son tombeau ". Si la plupart de ses écrits portent sur la Chine, et si le nom de Roland est familier à ceux qui s'intéressent aux choses contemporaines de ce pays, on aurait tort de les ramener à de stricts travaux de sinologie ; de même, parce qu'il y met volontiers en regard les expériences soviétique et chinoise, se tromperait-on à vouloir réduire la démarche de leur auteur à une pure approche comparée des systèmes socialistes. Qu'elles concernent la Chine ou le " socialisme réel ", donc, ou bien encore la question du totalitarisme et le mouvement ouvrier international - pour mentionner deux autres sujets qui avaient pour lui un attrait de prédilection -, les recherches de Roland ressortissent en définitive, peu ou prou, à une problématique unique, qui fut la préoccupation constante et explicite de ses derniers jours, et sur laquelle il avait commencé à réfléchir de longue date, celle de l'" auto-émancipation sociale ".