"Déçu par le portrait qu'Edouard Manet fit de lui en 1880, Clemenceau, dit-on, se serait méfié de l'image et aurait fui les peintres, les sculpteurs, les photographes, voire, au soir de sa vie, les cinéastes. Ce numéro centré sur Clemenceau et l'image prouve le contraire, et, avec de nombreux exemples, fait de la rumeur une légende. En effet, non seulement Clemenceau a été très attentif à son image et a choisi avec soin ses photographes mais, découvrant le cinéma né en 1895, il se laissa conquérir par celui-ci, vibra devant la course de char de Ben-Hur, découvrit avec étonnement et intérêt les deux adaptations cinématographiques de sa pièce chinoise Le Voile du Bonheur. Le début du XXe siècle fit entrer le Tigre dans l'ère de l'audiovisuel, expérience qu'en ancien journaliste amoureux de la technique il sut apprécier et commenter, soucieux de faire partager les sons et les images à ses ami.e.s, aux habitantes de Saint-Vincent-sur-Jard, et à sa propre famille."