Que les soins palliatifs aient à coeur de soutenir la créativité des personnes en fin de vie doit être une évidence. Elles sont exposées à la perspective de la mort, avec un cortège de stress et de peurs, des sentiments de tristesse et d'isolement, parfois des difficultés à élaborer en utilisant le registre de la parole, et en même temps ces personnes sont habitées par des désirs, vivantes jusqu'au bout dans cet entre-temps. D'un côté, les médiations artistiques comme l'art-thérapie ou la musicothérapie proposent un "au-delà des mots" , pour du plaisir, du jaillissement, de la surprise, des parenthèses de bien-être, une revalorisation narcissique, un moment de lâcher-prise au service d'un besoin d'esthétique ou encore de laisser une trace à son entourage. D'un autre côté et au-delà des techniques, quelles sont les conditions de la créativité et qui en aurait l'initiative ? Comment ouvrir ce champ des possibles où l'imaginaire et la profondeur peuvent s'exprimer ? Les soignants et les accompagnants peuvent s'emparer de cette dimension créative, pour eux-mêmes et au service des malades, pour leur manière d'être dans la rencontre, voire dans les questions éthiques. L'enjeu général serait de laisser la place à la propre créativité du patient, y compris dans son rapport aux soins et aussi à son quotidien, en soutenant sa capacité d'adaptation dans un contexte de crise qui peut mobiliser chez lui des ressources insoupçonnées.