L'émergence de la littérature italienne avec Dante inaugure la place dominante d'une des langues dites "vulgaires" de la péninsule qui s'affirme comme langue officielle avec le Risorgimento, puis comme langue des citoyens italiens. Toutefois, de multiples facteurs ont fait de la Péninsule un creuset où l'italien a toujours eu à côtoyer d'autres langues. A la cohabitation originelle avec le latin, s'ajoute le voisinage de dialectes à forte vitalité (y compris littéraire), des langues des pays frontaliers, des pays d'émigration des Italiens comme des langues des migrants trouvant refuge en Italie. Cette réalité linguistique plurielle au long cours a laissé des traces dans les vécus et les mémoires, s'inscrivant dans les usages de la langue et dans la création. Ce numéro de la revue Italies s'intéresse à cette pluralité linguistique de l'Italie d'hier à aujourd'hui, à son impact dans le champ politique, littéraire et artistique, aux jeux de pouvoir qui s'y révèlent, aux horizons qu'elle ouvre. Les contributions de ce numéro - s'étalant de Dante à la période contemporaine - questionnent la presse, l'enseignement, le roman, la poésie, la chanson, autant de miroirs de ce plurilinguisme.
Ce numéro d'Italies aborde la pluralité linguistique de la Péninsule : la façon complexe dont cohabitent, italien, dialectes, langues frontalières, langues des émigrés - au travers de points de vue et de supports d'étude variés, de la presse au roman, de la poésie à la chanson.