Associer rire et bêtise, c'est mettre en question la légitimité sociale de certains écarts propres à susciter le rire. Le qualificatif bête opère ainsi une mise à distance vis-à-vis des normes qui constituent tout à la fois l'intelligence et la bonne conduite. La bêtise non comique, celle qui fascine et effraye, se distingue aisément de la bêtise comique que les multiples stratégies satiriques permettent de conjurer en riant, avant qu'elle ne devienne dangereuse. Mais qu'en est-il du rire bête, qui constitue sans doute l'objet le plus original de ce numéro ? Ne se résumant pas au rire vulgaire et grossier, il peut prendre la forme d'une adhésion sans réserve, pleine et entière à la bêtise, adhésion joyeuse dans laquelle fait retour, subrepticement, une fascination sidérante. Que se passe-t-il lorsque l'on rit bêtement, c'est-à-dire lorsque l'on rit tout en sachant très bien qu'on ne le devrait sans doute pas et que ce rire devrait être laissé aux enfants ? Le rire bête abêtit-il ? Le rire bête bêtifie-t-il ? Autant d'enjeux propres à l'articulation entre rire et bêtise qu'abordent, chacun à sa manière, les différents articles qui composent ce numéro.
Que se passe-t-il lorsque l'on rit bêtement, c'est-à-dire lorsque l'on rit tout en sachant très bien qu'on ne le devrait sans doute pas et que ce rire devrait être laissé aux enfants ? Le rire bête abêtit-il ? Le rire bête bêtifie-t-il...