Où en est l'histoire du XIXe siècle ? Comment a-t-on fait et comment doit-on faire l'histoire de ce siècle ? Quelle est la place de l'histoire sociale dans cette histoire ? Quelles perspectives peut-on dégager pour le développement de la recherche ? Ce dossier entend moins dresser un bilan qu'ouvrir un débat autour d'approches nationales qui proposent des pistes pour (re)penser le XIXe siècle.
Pietro Causarano insiste sur les différentes lectures qui donnent à ce siècle une place particulière dans l'histoire d'une Italie en construction, et à l'histoire sociale une place centrale dans la compréhension de ce siècle. Cette histoire sociale, montre James Thompson, a été profondément rénovée et enrichie en Grande-Bretagne depuis les années 1990 par l'ouverture et l'intégration de nouveaux thèmes d'étude (histoire de la sexualité, de la délinquance ou histoire régionale, etc.). Etudiés également en Espagne, ces thèmes, souligne Juan Pan-Montojo, contribuent à l'intérêt des chercheurs pour un siècle dont la légende noire est reconsidérée.
Michèle Riot-Sarcey propose de penser différemment le
XIXe siècle français dans ses ruptures et ses discontinuités, en s'attachant à en restituer l'historicité. Sandrine Kott, enfin, brosse un tableau de l'évolution de l'histoire sociale en Allemagne, qui témoigne à la fois de son renouvellement épistémologique et de son ouverture au comparatisme - exceptionnel en Europe.
Tous les auteurs de ce dossier soulignent donc un même renouveau des approches et des concepts. (Re)penser le XIXe siècle engage ainsi résolument au développement de l'histoire comparée, comme le prouvent les récentes études consacrées à l'histoire de la consommation en Europe, au carrefour du politique et du culturel, de l'économique et du social.