Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la modernisation des sociétés européennes, engagée dans les décennies antérieures„ connaît-elle une accélération ? La question mérite d'être posée tant la volonté modernisatrice des pouvoirs publics est d'emblée mise à l'épreuve de la Reconstruction. Du point de vue économique, Denis Varaschin dresse un bilan en demi-teinte pour le cas de la France comme pour celui des pays pauvres d'Europe orientale. En revanche, les avancées semblent plus claires dans le domaine social. Lex Heerma van Voss observe ainsi le rôle moteur de l'Etat en France et aux Pays-Bas dans la réduction du temps de travail. Bien qu'opposés à l'application de la journée de 8 H, les patronats européens prennent davantage en compte le facteur humain dans les entreprises. Catherine Omnès suit les premiers pas des services du personnel en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne, en notant des objectifs divers emprunts variables au modèle américain. Centrale dans les entreprises, la question sociale l'est aussi dans la ville comme le montre Paolo Capuzzo, qui analyse les politiques du logement populaire à Berlin, à Londres ou à Vienne et la modernisation des transports. La modernisation, comme application des progrès des sciences de la nature et des sciences humaines à la société, dépend d'un volontarisme partagé qui ne va pas sans heurter les mécanismes traditionnels de reproduction des élites. Ainsi les années 20 sont également celles d'une " modernisation conservatrice ", comme le montre Monica Galfré étudiant les réformes de l'enseignement secondaire.