Ce numéro d'Histoire & Mesure, deuxième volet d'une thématique consacrée à l'Art et à la mesure, s'attache à mesurer l'environnement de la production artistique. A travers l'étude du milieu des critiques d'art contemporain, P. François et V. Chartrain s'intéressent au suivi de leur carrière, souvent tiraillée entre leur métier et leur propre vocation littéraire. Deux autres articles s'appuient sur l'analyse des réseaux pour étudier l'institutionnalisation du monde de l'art : le premier (B.-O. Dozo) montre comment les liens tissés entre les animateurs de la vie littéraire francophone en Belgique contribuent à faire de ce milieu un sous-champ de la littérature belge, le second (K. Hamou) analyse, à travers la pratique du featuring. l'émergence et la stabilisation d'un monde social du rap en France. Un quatrième porte sur les savoirs et les savoir-faire de la construction du bâti dans la France médiévale (M. Wolfe), s'interrogeant sur les rapports entre les différentes strates de l'histoire des sciences, sur la variété et pesanteur des pratiques héritées du passé dans l'architecture et la conception de la construction des agglomérations, sur les apports des artistes et, enfin, sur la tendance à la rationalisation dont font preuve des pouvoirs publics au pouvoir croissant. Le premier des trois articles (M. Brejon de Lavergnée) de Varia centre son objet sur l'étude d'un milieu social, les congrégations du début du XIXe siècle ; il s'agit moins ici de voir comment ce milieu se constitue, que de tenter de le " déconstruire ", en montrant, grâce à l'analyse relationnelle, son hétérogénéité et comment il a pu servir à des stratégies diverses (d'ordre politiques ou professionnelles).T. Jaulin porte son attention sur le rôle joué par les émigrés et leur statut dans l'élaboration du Pacte national libanais, en insistant sur le rôle essentiel des statistiques démographiques dans l'élaboration du compromis socio-politique. Sur ce thème de l'usage de la mesure, Y. Rumpala se penche sur la question du développement durable et sur la construction de ses indicateurs, montrant en quoi cette démarche, éminemment politique, conduit à de nombreux allers-retours entre connaissance et action publique et à des modifications dans la production des données chiffrées.