Hermès aux sandales ailées est le dieu des voyageurs, des bergers, des commerçants, des voleurs et des orateurs. A l'occasion de cette quatre-vingt-onzième livraison d'Hermès, nous l'avons fait marcheur et transformé en guide pour la composition de ce sommaire. La marche est davantage qu'une fonction physiologique, anatomique ou musculaire, c'est la révélation de l'Autre. Et cette découverte de l'altérité, participe de la communication. Dire que l'être humain est relationnel, c'est dire qu'il va vers autrui pour construire une relation, relation qu'il ne cesse, sa vie durant, de lier, relier, délier et pour se faire, il marche. La marche ne consiste pas seulement à mettre un pied devant l'autre. Elle vise à satisfaire notre curiosité et à combler notre besoin de liberté. La curiosité de la découverte du monde et de soi-même (ses forces et ses limites), lors de randonnées, d'excursions, de déambulations, de flâneries... La liberté, avec les manifestations de rue, les pèlerinages, les processions et autres modalités collectives pour partager un même objectif, un même transport qui facilite l'unité d'un groupe. Mais la marche est parfois tragique, forcée et porteuse de la violence faite à l'Autre, jusqu'aux marches de la mort. Ainsi la marche est multiple, complexe et cette diversité de formes confirme sa grande importance pour faire société et analyser diverses composantes de la communication sociale. Elle révèle parfois même des situations d'incommunication voire d'acommunication au sein des sociétés et groupes d'individus. C'est ce que montrent les quarante contributions ici réunies qui fournissent la matière d'un original vade-mecum pour le marcheur contemporain. Vincent Liquète et David Le Breton Automne 2023