De nombreux médias musulmans ont retransmis les obsèques du pape Jean-Paul II. Les images du Tsunami ont fait le tour de la planète et les dons ont afflué du monde entier. Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ou du 11 mars 2004 à Madrid ont été montrés en boucle, suscitant fascination et condamnation. Le Non français et néerlandais au Traité constitutionnel européen a créé la stupéfaction dans la plupart des pays du monde. Certains faits survenus dans un lieu particulier deviennent ainsi des événements internationaux par leur retentissement comme par
leur large médiatisation. Quelles ruptures ces phénomènes produisent-ils dans l'expérience de chacun ? Pourquoi est-on si concerné et touché par des crises qui deviennent planétaires ? Quel rôle exact jouent les médias ? Pour répondre à ces interrogations, ce numéro compare les différents traitements réservés, dans les presses nationales, à un même fait d'actualité ayant eu des répercussions mondiales. Il s'agit de mettre à jour les formes d'appropriation locale, d'événements survenus à l'étranger, tout comme les traits communs repérables dans les divers récits qui en sont faits. Une vingtaine de chercheurs de plusieurs nationalités, utilisant une grille comparative commune, analysent la manière dont les médias interprètent les événements, à l'aune des contextes culturels et politiques de chaque pays. Une vision théorique est également proposée pour rendre
compte des émotions qui s'expriment alors, par l'intermédiaire des médias. Manifestations d'empathie qui révèlent l'imbrication de valeurs
universelles et de cadres d'interprétation locaux, et traduisent l'émergence d'une nouvelle sensibilité, que l'on peut qualifier de sensibilité mondiale.
Jocelyne Arquembourg, Guy Lochard et Arnaud Mercier