Il faut des formes nouvelles, s'écriait le Treplev de La mouette, fermant le siècle précédent. Qui dirait le contraire, mais lesquelles ? Suffit-il de prolonger les lignes de force que nous croyons distinguer dans les pièces de ces dernières années, pour nous faire une idée de l'écriture à venir ? Or, l'écriture théâtrale d'aujourd'hui impressionne d'abord par sa diversité. Se côtoient les textes les plus cohérents et les plus fragmentés, les plus accessibles et les plus obscurs, les plus univoques et les plus polysémiques, ou encore les plus poétiques et les plus improvisés. Chaque auteur parle à sa manière, de son point de vue, à partir de son propre lieu, de ce qui le touche en propre. Tout est dit, tout fait problème, cela va même jusqu'au rire sarcastique jeté à la face de la mort causée par le sida. Il n'y a pas de dogmatisme, ni de regroupement ou de mouvement qui réunisse les auteurs, leurs voix, leurs écritures. Les essais rassemblés ici, qui portent sur une quinzaine d'auteurs, permettent néanmoins de déceler dans ces voix singulières quelques notes communes. Nombre d'entre elles résonnent dans le théâtre de Koltès. Avec lui et autour de lui (sept contributions sont consacrées à des aspects particuliers de son oeuvre), l'écriture théâtrale française nous interpelle, sans illusion mais sans dérobade. Difficile de résister à la tentation d'un inventaire de fin de siècle.