Poursuivant l'analyse des agricultures de firme amorcée dans le numéro précédent, ce second volet s'interroge sur les conséquences géographiques de ces nouveaux modes de production. Les auteurs des contributions rassemblées ici constatent que les entreprises n'ont plus de contact direct avec les territoires qu'elles exploitent, et qu'à l'échelle de la planète c'est la délocalisation qui est désormais le cadre général de l'agriculture. Dans les espaces investis par la spéculation et la production, les populations sont, parfois, déplacées et, souvent, condamnées à vivre dans des interstices. Dans ces fronts agro-industriels d'un genre nouveau, on voit même apparaître des espaces désertés et totalement dépourvus d'habitat. Toutefois, les dynamiques sociofoncières sont toujours plus complexes qu'il n'y paraît, et l'implantation de firmes nationales ou étrangères dans le tissu social local peut avoir des répercussions inattendues, dans certains cas, positives.
François Purseigle est maître de conférences en sociologie à l'INP-ENSAT de Toulouse. Gérard Chouquer est historien, directeur de recherche au CNRS, Nanterre.